Rami, jeune homme opéré des deux jambes, tente de remarcher normalement depuis l’enfance. Considéré comme handicapé par son contexte social et familial, il se sent exclu, stigmatisé. Dans une société où l’image du corps est régie par des critères esthétiques étriqués, tout lui rappelle sa différence.
Sa vraie vie, celle qu’il s’est choisie, il la vit sur Internet. Grâce à ce corps virtuel, il se construit une identité valorisante et gratifiante sur un mode imaginaire et fantasmé.
Sous le pseudo de Romeo11, le voilà menant la vie idéale d’homme d’affaire globe-trotter…
Comme dans ce plan où les vêtements sont disposés sur le lit de la chambre d’hôtel, une enveloppe vide d’où la présence physique s’est totalement retirée, l’avatar est un espace de dépôt à même de contenir tous les caprices narcissiques.
Offrant les conditions idéales pour se libérer du fardeau biologique et se glisser dans un autre corps, cette instance désincarnée permet à l’internaute de changer, presque indéfiniment d’identité.
Tout à la fois voyageur immobile et rêveur éveillé, le personnage de Rami rappelle le dispositif cinématographique, autorisant la traversée du miroir parce qu’il n’est que la vie rêvée des fantômes.
Laetitia Fieschi-Vivet, festival International du Premier Film d’Annonay
Jeudi 9 février au cinéma Opéra rue Joseph Serlin, Lyon 1er
La projection sera suivi d’un débat animé par Gael Labanti (directeur artistique du festival d’Annonay)
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