REVOLUTION ZENDJ de Tariq Téguia

Sélections et prix :
EN FRANCE :
* Entrevues, Belfort 2013 – Grand Prix Janine Bazin
* Prix Scribe pour le Cinema, Paris, 2013
* États généraux du documentaire, Lussas, 2014
* Festival du film arabe, Fameck, 2014
* Écrans Documentaires, Arcueil, 2014
À L’INTERNATIONAL :
* Festival international de Rome, 2013 – CINEMA XXI – Italie
* Festival international de Rotterdam, 2014 – Spectrum – Pays-Bas
* FICUNAM, Mexico, 2014 – Compétition – Mexique
* Festival international de cinéma de Trieste, 2014 – Prix Anno Uno – Italie
* Festival du Nouveau Cinéma de Montréal, 2014 – Canada
* Viennale, 2014 – Autriche
* Festival International de Lisbonne et Estoril, 2014 – Portugal
* Cultural Resistance International Film Festival, Beyrouth /Tyr – Liban
Scénario : Tariq Teguia & Yacine Teguia
Image : Nasser Medjkane, Hacene Ait Kaci
Son : Abdelkader Affak, Kamel Fergani
Montage : Rodolphe Molla
Musique : Magyar Posse, Ash Ra Temple, Lena Platonos
À la fois photographe, vidéaste et cinéaste, Tariq Teguia s’est imposé comme l’un des cinéastes les plus importants de l’Algérie contemporaine et, au-delà, de toute sa génération.
Depuis une vingtaine d’années, ses films témoignent de l’immobilisme et de l’asphyxie de la société algérienne en même temps que de ses désirs et de sa rage de vivre.
A l’occasion de la sortie de son nouveau film, Révolution Zendj (Grand Prix du Festival de Belfort 2013), Tariq Teguia a présenté en mars tous ses films au Centre Pompidou : ses deux premiers longs métrages, Rome plutôt que vous (2006) et Inland (2008), les films courts qui les ont précédés dont un inédit, Kech’mouvement ? (1993), et un court métrage commandé par le Centre Pompidou, Où en êtes-vous, Tariq Teguia ? (2015).

Ailleurs sur la carte, Nahla, une jeune palestinienne réfugiée en Grèce, revient à Beyrouth sur les traces de son père, un militant nationaliste ayant fuit cette ville aux lendemains de la défaite de 1982.
Bientôt il faudra déserter Beyrouth en fuyards. Une ligne de fuite vers le Nord Ouest pour Nahla vers Bagdad, la Ville des villes pour IB, reporter indécis, sidéré devant l’ampleur du Tigre, dérivant l’arme à la main sur un mashood dans les eaux du Chott el Arab, l’océan à portée de main. L’Eden atteint ?
PAROLE DE CINÉASTE
Alors qu’il couvre un reportage en tant que journaliste dans le Sud de l’Algérie, Ibn Battuta est amené à poursuivre son enquête à Beyrouth. Commence dès lors pour lui une quête initiatique qui le conduit sur les traces de la révolte des Zendj, ces esclaves noirs qui, au 9ème siècle en Irak, s’insurgèrent contre le pouvoir du califat Abbasside. En parcourant les territoires depuis l’Algérie jusqu’en Grèce en passant par le Liban, Tariq Teguia cartographie les luttes d’hier et d’aujourd’hui comme autant de lignes de fuite, de voies de traverse, de sillons clandestins, d’impasses, mais aussi d’allants et d’espoirs. Le spectateur est à la fois le témoin et l’arpenteur d’un récit hypnotique et visionnaire, jalonné par la circulation de l’argent et le soulèvement des hommes, où l’amour et la mort s’entremêlent sous l’assourdissant vacarme du monde. Au-delà de sa remarquable maîtrise plastique, le film invite à la réflexion autant qu’à la contemplation, faisant de sa mise en scène complexe et ludique un écran où se projettent tantôt l’Histoire, tantôt l’imaginaire, invitant l’esprit à de multiples interprétations. Revolution Zendj dissèque nos croyances sous le prisme d’une mondialisation chaque jour grandissante, et s’impose comme une sidérante archéologie du vivant. Confusions des temps et des espaces, dissémination des traces et recomposition des ruines, le film ne cesse de se déployer pour interroger, ressentir, questionner d’où l’on vient, qui nous sommes, et où l’on va. Cette ambition se dessine dans la trajectoire même du personnage principal qui doit remonter le cours du temps jusqu’à sa source pour espérer saisir l’état du monde contemporain, et appréhender celui qui vient. Ce magistral retour vers le futur émeut autant qu’il trouble, et son cri résonne fort : résister, encore et toujours. Persister dans la lutte.
Diego GOVERNATORI, cinéaste membre de l’ACID
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