Le GNCR (Groupement National des cinémas de recherche) nous a fait parvenir ci-dessous la lettre de Solveig Anspach, Dominique Cabrera, Robert Guédiguian et Dominik Moll, cinéastes, membres du conseil du cinéma Le Méliès à Montreuil, sur la situation alarmante de trois salariés accusés de détournement de fonds par la Maire de Montreuil, Dominique Voynet.
On se souvient de l’annonce pour le recrutement du directeur au mois de mai dernier qui s’est soldé par le recrutement d’un directeur administratif.
Pour votre complète information, vous trouverez ci-dessous un lien concernant la pétition de soutien au cinéma Le Méliès de Montreuil et à son équipe, initiée par l’association Renc’Art, association de spectateurs du cinéma.
Pour lire et signer la pétition : https://12363.lapetition.be/
CRISE AU MELIES
« Le 18 décembre, l’avant-première du film d’Alain GOMIS « Aujourd’hui » a été annulée par la Maire de Montreuil. Ni film, ni débat, ni anniversaire de Rencart l’association de spectateurs, le cinéma Méliès est à nouveau en crise.
Alors que nous devrions être occupés à préparer au mieux l’ouverture, prévue fin 2013, du plus grand complexe d’art et essai-recherche municipal de France, un climat de délation et de soupçon empoisonne l’atmosphère. On parle de “découverte d’une caisse noire”, de “détournement de fonds ». On dénonce les salariés du Méliès à la télévision, comme si l’on connaissait les conclusions d’une enquête qui ne fait que commencer. Or c’est la troisième fois en un an que les mêmes personnes sont attaquées pour des motifs chaque fois différents, avec chaque fois serment de détenir des éléments graves et déterminants.
Pourquoi ne laisse-t-on pas les salariés animer ce cinéma dans la sérénité, ce qu’ils excellent à faire de l’avis général ? Pourquoi s’acharner ainsi ?
Il n’y a pas plus de découverte de » caisse noire « , que de » détournement de fonds « . Que se passe-t-il ? Au Méliès, sur 4000 séances par an, il y a environ une dizaine de séances non commerciales. Elles concernent des films rares, souvent anciens, voire des téléfilms, qui n’ont ni visa, ni distributeur. Les entrées des séances non commerciales sont encaissées par une billetterie parallèle depuis 15 ans au moins, au vu et au su de tous, DAC, direction administrative et élus compris. Il en est de même de nombreuses salles dynamiques qui organisent des séances non commerciales pour diversifier l’offre de programmation.
Or ces quelques séances ne pouvaient pas être encaissées par la billetterie CNC sans entrer, soit un faux numéro de visa, soit un faux distributeur, soit une fausse quatrième salle. Les recettes non commerciales étaient cependant reversées dans la billetterie CNC : elles servaient, au Méliès comme dans d’autres cinémas, à acheter des billets offerts par la ville aux associations-partenaires lors de certaines soirées-débats. Au lieu d’éditer des exonérés, des tickets étaient donc payés avec l’argent du non commercial. Mais Dominique Voynet, Maire de Montreuil, accuse aujourd’hui l’équipe du cinéma d’avoir « détourné des fonds publics » et d’avoir privé la ville de ces recettes… au profit des créateurs et du système de redistribution du CNC qui alimente tout le cinéma français !
Cette situation a pour origine un vide de la réglementation, connu du CNC. Il y a partiellement répondu en 2008 en créant les « visas provisoires » -immédiatement mis en place au Méliès- pour les séances non commerciales des festivals. Libération écrivait alors à propos de ces séances non commerciales et des visas provisoires contestés par la profession : » Le caractère désormais obligatoire de ce visa temporaire ouvre gentiment la porte à ceux qui, pour des raisons diverses et variées, souhaiteraient nuire à une manifestation. Ainsi, il n’est pas totalement farfelu d’imaginer qu’un beau jour, un excité quelconque saisisse la justice à propos d’un film projeté dans un festival dont l’organisateur n’aurait pas demandé le fameux visa « . La transposition avec une équipe municipale désireuse d’attaquer une équipe de cinéma unie est tentante… Et Bruno Icher concluait : «’Dura lex sed lex’, diront alors – à condition qu’ils soient latinistes – les policiers en saisissant les bobines ». Ou en convoquant au poste voire au tribunal l’équipe de la salle visée obstinément par la mairie…
A qui, à quoi sert cet acharnement ? S’agit-il de ressentiment personnel ? S’agit-il de se débarrasser d’une équipe talentueuse ? S’agit-il de remettre en cause le nouveau Méliès, le projet novateur et généreux de cinéma public de Montreuil e qui n’a guère été porté à ce jour par la municipalité ?
Nous tenons à assurer de notre confiance les salariés qui viennent d’être suspendus et accusés sans preuve, et exigeons leur réintégration immédiate dans leurs fonctions. Nous demandons que soit réglé, en partenariat avec le CNC et le trésor public, par des réunions de travail et non par des enquêtes, des menaces et des plaintes au pénal, le problème d’intégration des séances non commerciales dans la billetterie classique. Et nous demandons que soit enfin débattu publiquement le projet culturel du nouveau Méliès. »
Solveig Anspach, Dominique Cabrera, Robert Guédiguian, Dominik Moll, cinéastes, membres du conseil du cinéma Le Méliès à Montreuil
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