Jeudi 7 février à 21h00, au festival d’Annonay, Philippe Ramos présente son film Capitaine Achab.
Philippe Ramos était venu à Anonnay, en 2003, présenter son premier film Adieu Pays (section compétition).
Le festival d’Annonay est partenaire de la projection de Jeanne Captive, le 6 février, au cinéma Opéra (Lyon) dans le cadre du ciné-club Enjeux sur Image.
Capitaine Achab
De Philippe Ramos
Scénario : Philippe Ramos, d’après l’oeuvre d’Herman Melville : « Moby Dick »
Avec : Denis Lavant, Jacques Bonnaffé, Bernard Blancan,
Jean-François Stévenin, Virgil Leclaire,
Philippe Katerine, Dominique Blanc, Carlo Brandt
France – 2007 – 1h40
Synopsis : 1840. Qui aurait bien pu imaginer que ce jeune garçon lisant la Bible dans une cabane de chasse perdue au milieu des bois, deviendrait un jour capitaine de navire baleinier ? Personne. Et pourtant, de mains tendues en coups reçus, Achab grandit et s’empare des océans. Devenu un capitaine redoutable, il rencontre une baleine éblouissante de blancheur… Moby Dick.
Philippe Ramos assure la réalisation, le montage du film et conçoit les décors
En plus d’être le réalisateur et le scénariste, Philippe Ramos a aussi assuré le montage du film. Chose plus rare, il a également conçu les décors : « C’est peut-être paradoxal avec le cinéma qui est un art où la notion d’équipe est importante, explique-t-il, mais j’aime le travail en solitaire. Alors, partir seul en repérage, choisir moi-même les décors, m’est naturel. »
Un nouvel Achab
La plus célèbre adaptation de Moby Dick au cinéma est sans doute celle réalisée par John Huston avec Gregory Peck dans le rôle d’Achab.
Au contraire de John Huston, Philippe Ramos ne suit pas le roman à la lettre. Il préfère s’en remettre à l’esprit d’aventure et au souffle épique du livre. Il remanie l’ensemble autour du personnage clé : le ténébreux capitaine Achab.
Philippe Ramos explique en quoi sa vision du Capitaine est différente : « John Huston a choisi, à ses risques et périls, de rester très proche de ce livre dont la majesté poétique est effectivement écrasante… En ce qui me concerne, il n’a jamais été question de faire une adaptation de Moby Dick. J’ai travaillé à partir d’un personnage du roman, le capitaine Achab, à qui j’ai inventé une vie. Sur les cinq parties du film, quatre sont une création pure, seule la cinquième partie intitulée Starbuck croise plus ou moins directement le livre de Melville. »
Le récit d’une vie
« Ma première idée était de raconter, non pas une étape de la vie de ce capitaine comme c’est le cas dans Moby Dick, mais toute une existence, de la naissance à la mort : le plan d’ouverture du film est un gros plan sur le sexe de la mère, qui semble nous dire « voici où tout commence »… Et le plan de fermeture du film est un plan sur le ciel, qui nous dirait plutôt, « voici où tout finit »… Entre ses deux plans, un peu plus de quarante années de vie s’écoulent. » Philippe Ramos
Philippe Katerine
Philippe Ramos raconte pourquoi il a choisi le chanteur Philippe Katerine pour incarner Henry : « J’aime ses chansons. Je savais qu’il aimait le cinéma et notamment un ou deux de mes courts métrages… Et puis Katerine en dandy XIXe, comment résister ? Après deux semaines de tournage en mer très difficile, ce fut un bonheur de passer une semaine dans un manoir en sa compagnie… J’ai beaucoup, beaucoup, rigolé… Un peu trop d’ailleurs… La scène du mariage, je l’ai dirigée dans la pièce d’à côté avec un casque sur les oreilles et un retour vidéo, tellement je n’arrivais pas à garder mon sérieux. »
Un tournage en Europe, une préparation aux USA
Si la jeunesse du Capitaine Achab se déroule aux Etats-Unis, le tournage s’est toutefois déroulé en Europe, entre la France et la Suède.
Philippe Ramos a toutefois effectué un voyage dans le Massachusetts et l’Adirondak où se déroule l’histoire originale pour s’imprégner des lieux : « Avant d’aller là-bas, j’avais une vision de mon film au travers du regard d’écrivains comme Melville, bien sûr, mais aussi Mark Twain ou Walt Whitman. De ce voyage, j’ai surtout rapporté un sentiment : le sentiment de la terre américaine… Et ça, ça a été un trésor au moment où il a fallu que je parcoure la France et la Suède pour y transporter le monde américain du XIXéme siècle. Je pourrais citer mille exemples dans les régions choisies pour le tournage où soudain, au détour d’un manoir du Centre val de Loire, à l’entrée d’une vallée en Rhône-Alpes, devant un ponton de bois en Suède, j’ai tout à coup senti à nouveau le goût des Etats-Unis dans ma bouche… Ça a vraiment fonctionné par réminiscences. »
Une Bande Originale très variée
Capitaine Achab se démarque par la variété de ses musiques pouvant aller du classique à la pop : « Je pense que le genre « film historique » a besoin d’être dépoussiéré en beaucoup d’endroits et notamment au sujet de la musique, explique Philippe Ramos. Je suis toujours resté profondément marqué par le choix de Pasolini de mettre Louis Armstrong sur la scène des rois Mages de son Evangile, par exemple. »
Récompenses
Présenté en Sélection Officielle en Compétition au Festival de Locarno 2007, Capitaine Achab a été récompensé par le Prix de la mise en scène et Prix Fipresci (presse internationale).
A la sensibilité littéraire du script répondent un magnifique sens de la composition picturale ainsi qu’un goût pour une poésie à la fois sensorielle et sensuelle.
Une synergie envoûtante, parachevant la réussite formelle et émotionnelle de ce film atypique.
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